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Cincuenta bloques en cada cuarto, nous sommes mardi, il est 08h15 et c’est la première phrase que va me dire Juan Carlos bien avant le traditionnel buenos dias. Il y a quatre pièces dans la maison ce qui fera en fin de journée près de deux cents parpaings de cinq kilos chacun a déplacer, une tonne de béton. En fait le compte exact sera de près de deux tonnes déplacées. Je finirais la journée épuisé, les bras endoloris, mais avec le regard droit et fier vers mon chef de chantier.
Nous sommes arrivés dimanche apres-midi a Solola. C’est une petite ville tranquille sur les hauteurs du lago Atilan, pas très loin de la touristique Panajachel. L’objectif est simple, construire quatre maisons en une semaine. Pour cela chaque chantier dispose d’une équipe de travailleurs locaux d’environs sept a huit personnes et nous sommes en tout quatorze volontaires de plus. Le volontariat étant la pour réduire le plus possible les coûts de main d’œuvre. Ces maisons sont destinées a des familles pauvres de Solola.
Il pleut sur Solola, les pickups nous emportent sur les lieux de l’inauguration. C’est une maison comme celles que nous allons construirent. Faite de quatre pièces, des murs en parpaings gris, un sol en béton, un toit en tôle ondulée. La pluie frappe sur le métal pendant le discours du responsable local. Il est question de Dieu, de son immense bonté, de ses maisons que nous allons construire qui sont tout autant les habitations des hommes que celles de Dieu. Et puis, ils parlent des volontaires venus de tous les pays, explique qu’il y a de la solidarité dans l’homme. L’un d’entre nous traduit en anglais. La pluie, l’espagnol, l’anglais, je suis le seul français avec beaucoup de mal a comprendre tout cela, mais vraiment content d’être ici. Au dehors les enfants jouent sur un monticule boueux, autour ce ne sont qu’habitations faites de bric et de broc.
Nous allons vivre dans la permanence d’un candidat aux prochaines élections présidentielles de novembre. Deux étages, les filles en haut, les garçons en bas, une douche, un seul toilette et une salle a manger, ce sera chez nous pour une semaine. Tout de suite l’usage de l’anglais va être instauré. C’est une étonnante constante chez les volontaires de vouloir toujours garder une langue différente de celle du guatemala. Une nouvelle fois, je dois indiquer que je ne parle pas anglais, seulement français et un peu d’espagnol. En fait ce n’est pas tout a fait exact, je peux maintenant me débrouiller facilement en anglais ainsi qu’en espagnol.
Là, ce fut l’émerveillement. Notre chantier se trouve sur les contreforts de Solola, juste en face du Lago Atitlan. Toute la journée nous avons une vue magnifique sur les volcans. Derrière nous le cimetière de Solola, tout en couleur, tout en hauteur. Autour de nous des champs a flanc de montagne, des paysans courbés travaillant la terre dans leur tenue traditionnelle. Le chantier est en aplomb, les fondations bien entamées, et les blocs de béton qui nous attendent. Nous sommes trois volontaires, Hannah, Sabrina et moi. L’équipe nous regarde arriver sans plus d’émotion que cela. Je crois que pour eux nous sommes des touristes qui se font plaisir en venant donner un petit coup de main. Il me faudra deux tonnes de béton pour dire que non.
Machette á la main, nous retaillons les blocs un par un. Ici tout se fait á la main. Le transport des matériaux, le modelage des crochets, des blocs, des tôles. Le sable que nous tamisons heure après heure, jour après jour. Le ciment que nous préparons a grand coup de pelle. L’organisation est différente, un peu anarchique, un peu désordonnée, nous laissant parfois dans une oisiveté contemplative. Ici chacun n’a pas sa tache, il a son niveau de compétence dans le travail a effectuer. Pour nous ce sera le plus simple, tamiser la terre, transporter les seaux de ciments, les sacs de sable, aplanir a grand coup de pioches et puis plus tard, les jours passant, nous pourrons regarder avec fierté ce bout de mur qui vient de naître de nos mains.
Une brume épaisse s’installe en début d’après midi. Nous sommes en terre montagneuse. Le Lago Atitlan est en fait installé dans un immense cratère de volcan, le plus grand du monde. La pluie apparaît, d’abord fine et éparse, puis puissante et grondante. La terre se transforme en boue et nous ruisselons de toute part. Tout doit être fini en fin de semaine, être mouillé n’est pas une raison valable pour s’arrêter de travailler. Alors nous continuons. Nous partageons ensemble le même objectif et c’est la première fois au Guatemala ou j’ai l’impression que les différences n’existent plus. Nous sommes là, boueux et trempés, travaillant sous une pluie diluvienne afin de finir dans les temps une maison qu’une famille attend.
Il y a Hannah et Sabrina. Elles veulent aller au bout. Au bout de leur choix de volontaires alors elles travaillent comme tous, forçant le respect de chacun. Elles transporteront les sacs, tamiseront pendant des heures et des heures. Je m’arrête parfois pour les regarder faire, elles ont vingt ans. Nous plaisantons souvent, J’apprend a dire des bromas en espagnol ce qui fait rire toute l’équipe. Nous partageons tous le même repas du midi. Sans fourchette et couteau, le premier jour Sabrina se bat contre un morceau de viande un peu trop dur. Nous finissons tous les trois nos journées épuisés.
Samedi après-midi, la maison est terminée. Il ne reste que le sol a peindre mais il pleut et le béton est trop humide, il faut attendre. Je dois rentrer sur Antigua. Claudia part ce soir pour l’Allemagne, retour au pays. Le bus de Solola á Chimaltenango puis Antigua. Je retrouve Janeth et Esdras, ce fut une semaine formidable.
Ils seront huit a vivre dans la maison, Une grand-mère, quatre frères et sœurs et trois enfants. Tout a coté dans la tienda, la mère de José Armando me dit qu’elle voudrait bien avoir la même maison. Pour le moment ils vivent a six dans une petite cabane minuscule faites de tôles et de planches de bois.
Te prometo jose, te envíe las fotografías y si puedo, vendría a ayudarte a construir tu casa un día. Hasta luego pequenio hombre.
01 Octobre 2003
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