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A ce moment-là, je n’étais pas vraiment sûr que le futur se trouvait dans mes mains mais plutôt dans celles du chauffeur de notre bus. Celui-ci avait entrepris de doubler un autre bus et nous arrivions en haut d’une cote ne laissant rien voir à ce qui allait arriver de l’autre côté. Peut-être deux mêmes chauffeurs se livrant au même jeu. C’est à ce moment là, je crois, que j’ai compris pourquoi les guatémaltèques sont aussi croyants, c’est à cause des conducteurs de chicken-bus.
Je me réveillais de ma première nuit, il était aux environs de cinq heures du matin et des bruits assourdissants emplissaient entièrement la fin de la nuit. A un rythme incessant, des camions semblaient passer méthodiquement devant notre maison. Cela dura un peu plus d’une heure et stoppa net.
J’ouvris la porte de ma chambre et le soleil m’inondât d’une chaleur matinale douce. Il y avait une cour intérieure pavée pour moitié d’un carrelage rouge et jaune et pour l’autre moitié simplement le gris du béton. Au fond de la cour, une douche et des toilettes dont la porte fermait mal.
Ce matin là, je n’ai jamais compris le fonctionnement de la douche. Au-dessus du pommeau fixé au mur des fils électriques dénudés semblaient être le seul dispositif devant fournir une eau chaude. Il fallait avoir sacrément confiance pour se mettre sous ce dispositif là. C’est alors que j’ai compris pourquoi les Guatémaltèques se rendent si souvent à l’église, c’est à cause de l’eau chaude.
Sept heures trente, premier petit-déjeuner, des céréales. Nous sommes quatre à table, trois allemandes et moi. Elles parlent en allemand, je ne comprends rien. Janeth la mère de famille, une jeune fille de 23 ans déjà mère de deux enfants de 7 et 3 ans me parle en Espagnol, je ne comprend rien. Je n’aime pas les céréales au petit-déjeuner. Le soleil continue de briller dehors. Il fait chaud, très chaud, je suis au Guatemala.
Hello I’m Raphaëla. L’une des jeunes filles vient de m’adresser la parole, c’est celle en face de moi. Hello I’m Bruno, I just come from Paris. Les deux autres jeunes fille se présentent alors et je ne me souviendrais jamais de leur prénom. Deux d’entre elles sont allemandes et la troisième autrichienne. Nous parlons pendant quelques minutes en anglais et Raphaëla me fait comprendre qu’il faut que nous aillions a l’école. Elle me dit qu’elle est dans la même école que moi et que je n’ai pas à m’inquiéter, qu’elle va s’occuper de moi. Effectivement durant deux jours, elle va m’aider à faire mes premiers pas dans ce pays qui est pour moi si loin de tout.
Cabaguil Escuela. Raphaëla me présente à Ruth, la secrétaire de l’école. Formalités administratives puis présentation à celle qui doit être mon professeur, Olga. Nous commençons le cours. C’est alors que Christine arrive. Christine est la jeune fille avec qui j’étais en contact sur Internet et qui m’avait conseillé cette école et facilité mon inscription. Je suis enfin content de pouvoir parler en Français avec quelqu’un. Je lui donne les chocolats qu’elle m’avait demandé de lui apporter. Ici le bon chocolat est une denrée très rare et c’est toujours un bonheur pour les gens d’ici d’en recevoir, le mien étant destiné à la famille d’accueil de Christine et à l’école. Christine m’informe qu’Olga, mon professeur est sa mère. A mon regard étonné, elle me dit qu’ici, nos familles d’accueil sont nos mères et que les pensionnaires qui sont avec nous, nos frères et nos sœurs. J’ai donc ainsi trois sœurs allemandes, mais vous le verrez, cela va évoluer.
Mes deux premiers jours vont bien se passer, je découvre tout avec l’aide de Raphaella. Chez ma mère, l’anglais a été institué comme langue officielle par les trois jeunes filles allemandes lorsque je suis présent. Mon anglais est très rudimentaire, mais j’arrive à m’exprimer. Nous pouvons discuter ensemble. Dire d’où nous venons, raconter un peu notre pays et pourquoi nous sommes là. Le soir, Raphaëlla, m’emmène retrouver tous les autres étudiants dans l’un ou l’autre des bars d’Antigua. En fait il y a beaucoup d’Européens à Antigua. Tous, sont toujours gentils et accueillants lorsqu’un nouveau arrive, ils se rappellent leur arrivée. En grande majorité l’on retrouve des allemands, des autrichiens, des suisses et d’autres nationalités moins répandues. Tous sont jeunes, entre 20 et 25 ans. Je n’ai toujours pas rencontré de Français. Plus tard, Christine me dira qu’il n’y en a pas, que nous sommes les deux seuls et encore me dit-elle, je suis le seul métropolitain puisqu’elle est réunionnaise.
Jeudi soir, Christine me demande si je veux aller ce week-end à Semur-Champein. Elle m’explique simplement que cela vaut la peine et que nous serons plusieurs. Nous partirons vendredi matin de bonne heure et nous rentrerons dimanche dans la soirée. Je lui dis alors que je suis d’accord, il faut que je m’intègre et je veux découvrir le Guatemala pendant les deux mois oú je suis à Antigua.
Vendredi, 6 heures moins le quart, j’attends devant l’école. Un garcon et deux filles arrivent et me salent de loin. Christopher un autrichien, Katryn une allemande et Steena une Danoise. Ils m’embarquent avec eux et nous partons vers la gare routière retrouver Christine et notre bus vers Guate.
Christine est là et nous sautons dans le premier chicken-bus pour Guate. Sauter est le vrai terme. Il est temps que je vous explique ce qu’est un chicken-bus. D’abord, sachez que c’est un terme péjoratif qu’il ne faut pas employer devant un Guatemaltèque. En traduction, chicken-bus voudrait dire poulailler. Le vrai nom est camioneta.
Un chicken-bus est un ancien bus de ramassage scolaire américain. Il est souvent repeint de couleurs vivantes et ornementé à l’intérieur de multiples crucifix en plastique. A l’intérieur du bus vous avez deux rangées de sièges séparées par une allée centrale. Chaque siège en théorie peut accueillir deux personnes. Il y a un conducteur et un assistant. Le principe de base est d’occuper le maximum d’espace disponible, voire plus. Ainsi les premiers arrivés s’installent sur les sièges du fond et le placement se fait ainsi progressivement vers l’avant. Une fois que chaque siège a ses deux passagers, le troisième prend place sur le siège, et là vous devez commencer à aimer le contact humain. Une fois que chaque siège est pourvu de ses trois passagers, les passagers qui montent se concentrent dans l’allée centrale. Car des passagers qui montent, il y en a toujours. Le chauffeur n’attend pas que le bus soit plein pour partir, car il sait qu’en traversant la ville, il trouvera des passagers sur la route.
C’est là qu’est une des premières fonctions des l’assistant, d’être à l’avant du bus, la moitié du corps en dehors de l’engin et de crier la destination du bus aux passants dans la rue. Et dès que quelqu’un veut monter, il le pousse à sauter car le bus ne doit pas prendre de retard, même si il n’y a pas vraiment d’horaires établis.
La deuxième responsabilité de l’assistant est de faire payer les gens. Il y a 45 kilomètres entre Antigua et Guate. Le prix du trajet est de 5 Quetzal et 1 Quetzal représente un peu moins d’un franc. Maintenant, souvenez vous, nous sortons d’Antigua, le bus est plein, tous les sièges remplis et l’allée centrale bouchonnée comme une autoroute du soleil un jour de rentrée de vacances où il se serait mis à neiger. L’assistant est au début du bus et il doit franchir tout le bus et encaisser tout le monde sans oublier personne. Il parait que certains sont parfois contraints de passer directement par-dessus les banquettes tels des équilibristes. Si vous n’avez pas la monnaie, ne vous inquiétez pas, il prendra votre gros billet et reviendra toujours vous rendre la monnaie, soyez simplement patient.
Sur la route en arrivant à Guate de grand panneaux publicitaires indiquent seulement en noir sur fond blanc : « El futuro esta en tus manos ». Ce message est spécialement adressé aux conducteurs de chicken-bus, ne le lisez pas quand vous êtes à l’intérieur de l’un de ces bus, à ce moment il ne peut pas vous concerner. Le conducteur d’un chicken-bus est quelqu’un qui s’entraîne pour un probable futur rallye. Nous arrivons à Guate enfin après un peu plus d’une heure de route. Nous devons trouvez le bus de Coban.
Avant d’arriver à la gare routière, nous croisons le bus qui va à Coban. L’assistant reconnaît en nous les touristes qui vont à Coban, nous crie Coban, nous répondons que oui et nous montons. C’est un car pullman. Bon, enlevez-vous de la tête tout ce que le mot pullman peut représenter pour vous comme qualité et douilletterie. Au retour j’ai été contraint de jeter un short qui n’a vraiment pas supporté le niveau de propreté des sièges du pullman. Par contre nous avons tous notre place, et personne n’est dans l’allée. Le bus est plein sans être surchargé. Il y a deux cents kilomètres entre Guate et Coban et il est prévu de mettre quatre heures. Ne croyez jamais aux prévisions au Guatemala, sauf peut-être a celles de la météo qui va vous dire qu’il fera chaud. Le prix est de 33 Quetzal pour le trajet. Si j’indique parfois le prix des choses ou des transports c’est afin d’aider ceux que j’ai pu rencontrer sur les forums et qui sont en train de préparer leur voyage.
Le voyage se déroule sans incident, en milieu de parcours nous sommes bloqués par des travaux sur la route. Une longue file de véhicules se forme le long de la montagne, dans le bus la chaleur est insoutenable. Dehors des vendeurs arpentent le bitume, nous vendant boissons et autres aliments divers et variés. Certaines boissons sont étranges, de couleur fluo jaune, vert ou orange. Je préfère faire confiance à Coca-Cola. Un vendeur nous propose des hauts parleurs d’auto-radio. Après une demi-heure le car repart. Il s’arrêtera un peu plus loin, dans une cafeteria. Tout le monde descend. Plusieurs bus sont déjà là. Une longue file à la cafétéria, j’ai un peu faim mais je ne veux pas affronter l’espagnol de la serveuse que je ne comprendrais pas. Je peux attendre. Klaxon du bus, tout le monde remonte, le bus repart. Attention, si au moment du départ du bus, vous vous trouvez aux toilettes, c’est dommage pour vous, mais le bus partira sans vous. Nous arrivons à Coban après plus de cinq heures de transport.
Le 12 Mai 2003
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